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9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 12:49
Au mois d’août à Paris, on voit fleurir aux devantures des boutiques fermées des écriteaux annonçant tour à tour qu’on est pas prêt de mettre la main sur une baguette ou bien qu’on ne récupèrera pas avant la rentrée des classes ce costume qu’on a eu la négligence d’abandonner au pressing avant la transhumance estivale.

En général les avertissement commencent le plus souvent par "à notre aimable clientèle". Pourtant, je me demande ce que la clientèle en question peut bien avoir d’aimable.

Prenons au hasard l’exemple de la clientèle du bureau de poste de l’avenue de Clichy, je ne vois rien qui pourrait faire aimer cette foule qui soupire, essaie de se faufiler dans la file d’attente, prend toute la place avec des poussettes exagérément encombrantes, sent la transpiration ou l’alcool, s’habille mal et surtout a le mauvais goût d’aller retirer des sous qu’elle n’a pas au moment même où je dois récupérer un recommandé, me condamnant à une attente rarement inférieure à quarante cinq minutes.

Et puis l’autre jour, après avoir été cherché un recommandé à la poste de l’avenue de Clichy, je suis passé devant un fleuriste de la rue des moines qui a l’étrange habitude, lorsqu’il a fini de confectionner une couronne mortuaire, de la laisser reposer sur le toit de sa clio garée juste en face de sa boutique.

La vision de ces fleurs m’a soudain ouvert les yeux : cette formule "à notre aimable clientèle" est en fait une épitaphe à la mémoire de ce qu’était le consommateur affable des années soixante qui allait faire ses courses dans un ambiance guillerette que l’on ne retrouve plus que dans les comédies musicales de Jacques Demy et qui a depuis disparu.

Les demoiselles de Rochefort - Les soeurs jumelles
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3 août 2008 7 03 /08 /août /2008 18:23
Il y a quelque chose de tout à la fois délicieux et effrayant dans un film comme "le premier jour du reste de ta vie".

Délicieux comme C.R.A.Z.Y. par la fraicheur du jeu des acteurs, la bande originale parfaite, la nostalgie efficace des gamins qui s’arrosent au jet d’eau sur les films super 8, et cette capacité que l’on a d’y retrouver des morceaux de sa propre vie, ou de celle que l’on aurait voulu avoir.

Effrayant par sa capacité à nous faire prendre conscience que nos vies se traversent en une accélération exponentielle comme celles, parallèles, de nos cousins ou avant elles les existences de nos parents ou de nos grands-parents.

Délicieux et effrayant comme de retrouver d’anciens camarades de CM2 sur copains d’avant. Délicieux parfois quand on retrouve ce meilleur ami avec qui on avait fait les quatre cent coups et aussi le serment du sang, et qu’on a l’impression de s’être quittés la veille. Effrayant parfois comme de se retrouver dans cette brasserie parisienne avec Caroline Liotard. Caroline Liotard dont tous les garçons de la classe étaient amoureux, Caroline Liotard, qui était tellement belle dans la cour de récréation mais qu’on a du mal à reconnaître, vingt cinq ans, trois divorces et 40 kilos plus tard.

Des vies qui passent, délicieuses, effrayantes, il y en a plein les écrans de cinéma, plein les chansons et finalement plein nos propres vies.

Deux morceaux sont arrivés ex aequo dans l’illustration de ce billet :

Fredericks, Goldman, Jones - Des Vies

Laurent Voulzy - Rockcollection
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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 18:15
L’autre jour, je me trouvais dans un train en aluminium qui ne semblait pas vraiment pressé de me ramener du travail. Malgré la chaleur étouffante de juillet qui avait investi la rame, le conducteur n’avait pas jugé utile de mettre en marche la climatisation sans doute en raison du fait que l’ingénieur qui avait conçu ce modèle de train dans les années 70 n’avait lui pas jugé utile d’équiper cet engin d’un quelconque système climatisant. A sa décharge, dans les années 70 la couche d’ozone avait encore le moral au beau fixe, et on imaginait pas que, près de 40 ans plus tard, Paris pourrait afficher des températures tropicales en plein mois de juillet au point qu’on stockerait des cadavres de vieux par centaines dans des entrepôts frigorifiques à Rungis.

Or donc, dans cette rame il faisait une chaleur de bête, les cravates fatiguées par une journée de travail mal thermostatée ne faisaient même plus semblant de s’aggriper aux cols des chemises et les déodorants avaient eux renoncé à tenter de couvrir les émanations bestiales des comptables cinquantenaires en surpoids. Les chemises auréolées quant à elles, se remettaient à peine du terrible sprint des horaires d'été de la gare de Bécon-Les-Bruyères, imposé par la nécessité de relier le quai le plus éloigné en moins d’une minute dans le but d’attraper une correspondance boiteuse, seul moyen d’éviter une attente inutile en plein cagnard de vingt bonnes minutes.

C’est à la gare de Clichy qu’a embarqué un sale type qui pendant le reste du trajet a fait profiter à la rame entière de l’interprétation exagérément sonore de quelques standards de la chanson française à l’harmonica.

Je pensais jusqu’alors que l’harmonica était comme la cornemuse un instrument tellement dissonant, qu’il n’était pas possible de mal jouer de l’harmonica : je me trompais, il est très possible de mal jouer de l’harmonica et c’est quelque chose de terrible.

Je pense que l’enfer ça doit être un peu comme ça, il y a des démons, des chaudrons, il fait une chaleur de bête, il faut courir pour attraper une correspondance pourrie en gare de Bécon-les-Bruyères, ça pue et il y a un type qui joue de l’harmonica, mal.

Etienne Daho - L'enfer enfin
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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 18:59
J’ai depuis toujours une passion pour l’écoute des conversations des inconnus, de préférence dans le bus (je ne sais pas pourquoi mais le bus nourrit davantage les conversations que ne le fait le métro, il y a très peu de conversations à épier dans le métro). Ainsi très récemment dans le bus 31 une vieille dame se lamentait de l’incompétence des météorologues actuels qui ne font rien de bon avec leur super ordinateurs, alors que jadis, cette profession accomplissait des merveilles en étant simplement outillée d'un bocal, d’une grenouille et d'une petite échelle.

Même si je sais que c'est mal, je peux rester des heures à écouter les conversations dans le bus.

Ils sont nombreux les petits plaisirs à la limite du moralement répréhensible : se moquer de la teinture violette de cette mamie qui traîne son caddie dans les allées du G20, ricaner de ce passant qui vient de se faire doucher au passage du bus dont les roues ont chassé l’eau accumulée dans le caniveau ou bien indiquer à des touristes perdus la direction opposée à celle de leur destination.

Certains voient dans ces comportements l’expression d’une misanthropie naissante, mais je préfère penser qu’ils traduisent simplement le fait que j’ai gardé une âme d’enfant, qui jette des boules puantes sur les passants, qui part en courant après avoir sonné chez des inconnus ou vaporise des sauterelles en concentrant les rayons du soleil à l'aide des lunettes à doubles foyers empruntées à sa grand-mère pendant la sieste.


Carlos – Senor météo
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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 00:00
Je suis parfois surpris de la capacité qu’a le cerveau humain de concevoir tout à la fois les inventions les plus extraordinaires et de produire les réalisations les plus minables. Ce qui est étonnant c’est que parfois ces deux extrêmes proviennent de la même boite crânienne.

Ainsi les brillants ingénieurs qui ont conçu le TGV (fleuron, à l’instar du minitel, du génie industriel tricolore) ont aussi décidé que le seul endroit où l’on aurait le droit de téléphoner dans cette petite merveille de technologie se situerait entre les voitures, c'est-à-dire précisément là où il y a le plus de bruit. Dans certaines rames un peu anciennes on pourra néanmoins profiter de la présence d’une alcôve à peine moins bruyante, vestige de l’époque révolue où il y avait dans le TGV des cabines téléphoniques qui permettaient d’étonner ses amis à 320 km/h pour même pas 15 francs la minute. Force est de constater que comme le bibop ou le magnétoscope V2000 cette merveille de technologie qu’était la cabine téléphonique à grande vitesse, n’aura pas connu le succès escompté.

Ces mêmes ingénieurs arriveront quelques années plus tard à la conclusion que, dans une époque trouble de menace terroriste, un bagage menaçant devient inoffensif au moment précis où on lui colle une petite étiquette avec son nom dessus.

En fait, je pense que juste après avoir fait une invention géniale, le cerveau humain rentre en surchauffe et ne se rend plus très bien compte de l’absurdité de ce qu’il produit ensuite.

Cette théorie si elle était vérifiée pourrait expliquer bien des choses : les pistes cyclables entre les voitures et les couloirs de bus, les portillons du métro par lesquels on ne peut pas faire passer une valise, ou les plateaux repas dans les avions qu’il est impossible de remettre en ordre une fois vidés sauf à avoir été champion de tangram de son académie quand on était à l’école primaire.

Françoise Hardy et Jacques Dutronc - Puisque vous partez en voyage
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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 12:05
Ces dernières semaines, Etienne Daho, des travaux pharaoniques, un voyage inopiné en orient express, la promesse d’une promesse, des réunions de chantier tôt le matin, un employeur accaparant, un demi déménagement, une interminable perturbation sur la ligne Saint-Lazare - Nanterre U, du plâtre sur le costard, un futur week-end à Londres, une connection internet interrompue en raison du manque de formation professionnelle qui semble exister chez les électriciens portugais quant au branchement adéquat des fils blanc et bleu en positions 1 et 3 dans le cas d'une installation téléphonique totalement dégroupée, une toiture menaçante et une enquête internationale dans le but de retrouver le propriétaire d’un bout de cave, se sont ligués contre la bonne marche de ce blog entraînant du coup une interruption momentanée de l’image et du son.

Le lecteur est invité à patienter en attendant des jours meilleurs, à l’écoute en boucle de ce sublime morceau.


The last shadow puppets – My mistakes were made for you
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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 18:01
Quand j’étais petit, j’adorais les jouets Fisherprice. Les jouets Fisherprice c’était toujours plein de couleurs et de formes différentes qui tournaient dans tous les sens en faisant clong clong clong ou pouet pouet.

Je me rappelle que mon jouet préféré était le téléphone, celui dont les yeux tournaient quand on le faisait rouler. Ce qui est étonnant avec les jouets Fisherprice, c’est qu’ils sont plein de boutons, de molettes et de leviers de contrôle qui n’ont aucun autre but que celui de faire pouet pouet ou clong clong clong.

Je suis toujours surpris dans la vie d’adulte de retrouver des mécanismes similaires qui donnent l’impression d’avoir du contrôle sur les choses alors qu’il n’en est rien.

C’est par exemple le cas pour le bouton d’appel piéton au feu rouge dont chacun sait qu’il n’a aucune incidence sur le passage du feu au vert mais que l’on prend toujours plaisir à cogner le plus fort possible et le plus souvent cinq fois de suite en saccade, en s’emerveillant de ce que le feu passe au rouge trois minutes plus tard comme si de rien n'était.

Le monde est plein de mécanismes Fisherprice, ainsi le bouton de fermeture des portes dans les ascenseurs, les logiciels antivirus des ordinateurs avec plein de réglages compliqués mais qui évitent rarement la contamination ou bien le valideur de pass navigo dans les bus a pour seule utilité de faire retentir un bip sympathique et rassurant.

Claude François - Le téléphone pleure
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25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 11:11
L’autre jour j’ai fait un rêve étrange : j’étais chez le dentiste, mais tout se passait comme si j’étais à un concert.

J'étais arrivé très tôt le matin, et j'avais attendu l’ouverture des portes avec d'autres gens afin d’être assuré de disposer d’une bonne place.

Plus tard,  dans la salle d’attente avec parquets et moulures, tout le monde s’était assis par terre. Les haut parleurs diffusaient surtout de la musique qu’on ne connaissait pas et puis à un moment a retenti ce vieux morceau de Brenda Lee que j’aimais bien et que je n’avais pas entendu depuis très longtemps.

Il faisait très chaud et de temps en temps un gros baraqué avec des tatouages passait pour nous arroser à l’aide de bouteilles d’eau minérale bon marché. Lorsque mon tour arriva (avec une demi heure de retard quand même), on m’installa dans un grand fauteuil puis la lumière s’éteignit. Arriva alors un jeune dentiste que je ne connaissais pas. Ce n’était pas l’artiste que j’étais venu voir. Il était un peu mal à l’aise, il n’avait pas le droit de se servir de tous les instruments. Il m’a fraisé rapidement deux ou trois caries, a remercié le dentiste titulaire, puis s’en est allé pendant que la foule applaudissait mollement.

Après, la lumière s’est rallumée et tout le monde s’est précipité vers le bar, ou les toilettes. Je me rappelle qu’il y avait beaucoup la queue devant les toilettes des filles. Et puis la lumière s’est de nouveau éteinte et mon dentiste attitré a fait son entrée sous les bravos de la foule. Je me rappelle que les gens hurlaient son nom en essayant de couvrir le son de la roulette, certains lui disaient qu’ils l’aimaient, d’autres lui criaient d’utiliser plutôt une fraise de douze et imitaient chacun de ses gestes.

Quand il eut fini, il enleva sa blouse et quitta la pièce alors que je terminais de me rincer avec ce liquide rouge au goût étrange qui semble couler par enchantement dans le petit gobelet en plastique quand on en approche sa main.

C’est alors que la foule s’est mise à faire beaucoup de bruit dans le but de l'inciter à revenir, ce qu’il finit par faire. Alors que j’étais déjà en train de rédiger mon chèque, il me demanda de me rasseoir, et se livra à un nouveau détartrage qu’il fit durer beaucoup plus longtemps que le premier.

C’est à ce moment là que je me suis réveillé en sursaut, en me disant qu’on fait vraiment de trucs débiles pendant les concerts.

Brenda Lee - Stupid cupid
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 00:00
Quand on travaille dans un endroit reculé (c'est-à-dire de l’autre coté du périphérique) il n’est pas rare que le nombre limité de moyens de transport disponibles pour se rendre au travail ne concentre aux heures de pointes quelques connaissances de seconde zone. Une connaissance de seconde zone est une personne qui travaille dans le même immeuble que vous mais que vous ne connaissez que de vue.

 

La croiser dans l’immeuble provoquerait au mieux un sourire poli voire un hochement de tête, mais se retrouver ensemble dans le train de 8h14 déclenchera à coup sûr une conversation pendant laquelle on ne manquera pas de se réjouir d’avoir, la veille au soir, réussi à attraper le train de 19h18 alors qu’on était parti du bureau à 13 (ce qui en soi est une prouesse même si hier soir le train de 19h18 était en retard comme souvent sur cette ligne qui-vraiment-ne-marche-pas-bien-c’est-une-honte).

 

Il peut arriver que le matin alors qu’on est pas encore tout à fait réveillé, on aperçoive une connaissance de seconde zone dans la rame dans laquelle on vient de s’engouffrer et que l’on ait pas du tout envie de converser des vertus comparées du 8h14 et du 08h24.

 

Deux techniques d’évitement assez efficaces sont alors possibles : la technique dite du caméléon qui consiste à faire le moins de mouvement possible, à ne poser son regard sur rien, bref, se faire de la couleur du siège. La seconde technique, dite de la loutre, consiste à opérer un mouvement rapide en surfant sur le flot de la foule afin de se diriger vers l’étage du wagon où ne se trouve pas cette personne.

 

Ces techniques, qui ont fait leurs preuves, permettent de profiter tranquillement de son ipod pendant son trajet sans passer pour un muffle. Il convient cependant de s’entraîner à prendre un air surpris pour le moment où, une fois arrivé dans l’ascenseur, on vous lancera un "Je vous ai vu ce matin dans le 8h14".

 

Vanessa Paradis - Le tourbillon de la vie
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11 mai 2008 7 11 /05 /mai /2008 12:55
Je me suis souvent demandé pourquoi les cabinets d’imagerie médicale dépensaient de l’argent pour faire imprimer des sacs plastiques avec leurs coordonnées dessus.

Je doute en effet que ce procédé ne leur permette de gagner le moindre client.

Quand on a une radio à faire, on demande en général une adresse à son médecin ou à son pharmacien, au pire on prend les pages jaunes, mais jamais on ne se dit, tiens je vais aller chez ce radiologue qui donne ce joli sac plastique que j’ai aperçu dans le métro hier entre les mains de ce type assis sur un strapontin (pourquoi les gens avec des radios dans le métro sont toujours assis sur des strapontins ?).

En plus un type sur un strapontin dans le métro qui tente de caler l'énorme sac plastique d’un cabinet d’imagerie médicale semble dire à tout le wagon : "j’ai sous le bras des clichés de mon gros intestin sous toutes les coutures et je vous emmerde"

Hervé Christiani - Radio bonheur
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